Kana Whein Lywellan est la fille de Wordan Whein Lywellan, le chef du clan des Elbury. Le clan des Elbury se développe à l’extrême Nord des contrées de Valahir.
Kana naquit sous les yeux du ciel crépusculaire, et c'est ainsi que débutait la vie de la jeune descendante et héritière du Clan des Elbury.
Le Clan des Elbury était un Clan noble, riche et possédait un territoire large et prospère. Les armées du clans se battaient de manière "digne" , comme le répétait sans arrêt Wordan.
Pour la plupart fantassins armées de simples rapières, le reste demeurait des archers, ou bien des chevaliers.

Les hurlements étouffés d’une jeune femme se faisaient parvenir jusqu’au pont principal. Le pont du bateau était désert. La nuit était totale, et seul le bruit des vagues se fracassant sur la coque du navire se faisait entendre. Un léger vent glacial sifflant sur les toiles fixées aux mâts , et l’odeur salée de la mer agitée accentuait le fait qu’aucune âme ne vivait à des kilomètres à la ronde. Une seule silhouette se détachait dans la pénombre. Celle silhouette était celle du capitaine du bateau, Wordan tonneau solidement accroché au bateau à l’aide de cordages marins. On pouvait percevoir à l’aide de la lueur du cigare qu’il fumait, son visage rabougris et ses cheveux grisonnants qui lui retombait sur son front ridé. Ses yeux plissés et ses lèvres pincées trahissaient sa colère : Le vieil homme mâchonnait le bout de son cigare avec force, tentant en vain de se calmer.
D’un coup sec, l’homme à la silhouette svelte se dressa sur ses deux jambes et ouvrit avec fracas la porte de la cabine, illuminant le capitaine d’une lumière jaune flamme.
Wordan s’engouffra alors dans la cabine.

La salle était sans dessus-dessous : une table était renversée, des fioles étaient détruites au sol. Une pile de bouquins était entassée au fond de la salle, et par-dessus celle-ci , un globe était déposé en un équilibre fragile dessus. Des bibliothèques vidées se balançaient, dirigées par le mouvement des vagues, et des parchemins étaient éparpillées un peu partout dans la pièce.
Au milieu de la cabine, trônait un canapé : trois personnes y étaient rassemblées.
Tout d’abord, une femme : Celle-ci était étendue sur la quasi-totalité du sofa, les jambes repliées. Elle était en larmes et hurlait de souffrance. Ses cheveux blonds lui collaient au visage, et de grosses gouttes de sueurs coulaient le long de ses tempes. Un homme était debout auprès d’elle :
Main dans celle de la jeune femme, il lui murmurait de manière saccadée des phrases qui se voulaient rassurantes.
Enfin, le dernier homme était devant le sofa et feuilletait fébrilement un gros manuscrit, son monocle déposé sur son œil gauche. Il releva vivement la tête vers le capitaine et s’empressa de lâcher de manière formelle :
Monsieur Wordan je vous ai dis de ne pas entrer tant que madame khein lywel…
- JE suis son père ! Rugit le capitaine, crachant le mégot de son cigare au sol, et je suis le
Seul maitre de ce bateau tant que je serai en vie !
- Monsieur Wordan votre ville est en plein accouchem..
Le mot accouchement semblait avoir réveillé la colère qui sommeillait en lui , et l’homme sauta au coup du deuxième homme qui était auprès de sa fille.
- Saligot ! Je te ferai pendre, bruler, emmurer, scalper pour avoir touché ma fille ! Regarde toi, sale bâtard, tu n’es même pas humain ! Pour qui te prend tu, espèce de sale Merdeux ?!
En effet, le jeune homme qui était solidement étranglé par le capitaine n’était point tout â fait humain : ses deux grosses canines inférieures ressortaient de sa bouche, son nez épais virait au vert et ses yeux lui donnait un air absolument stupide.
Le demi-orc porta ses épaisses mains à son coup et émit un gargouillement, laissant un filet de bave s’échapper de la commissure de ses lèvres.
C’est à ce moment-là qu’un cri pétrifia tous les membres de la salle.
Le médecin accourut vers Kana et tendit ses mains vers l’entre-jambe de la jeune mère. Il balbutia alors :
Je .. je vois la tête .. la tête de l’enfant ! Il ..
L’homme reprit contenance et se tut :il se contentait d'achever son travail de médecin.
Le demi-orc qui répondait au prénom de Wävh émit un nouveau gargouillement, et c'est à ce moment-là que Wordan relâcha son adversaire, à regret.
Un braillement de nourrisson retentit dans la salle et le capitaine se retourna vers le médecin et sa fille. Le médecin tenait à présent entre ses main le bambin couvert de sang.
Un froid se posa dans la salle tandis que le médecin releva ses yeux inquiets vers la petite assemblée.
-que quelqu’un me donne de quoi couvrir l’enfant ! Il ... il risque de mourir de froid ...
Wordan se contenta de croiser les bras. La survie du nourrisson semblait peu lui importer. Wävh, lui, réagit immédiatement et accourut jusqu’au sofa, et attrapa un coussin étendu auprès du canapé : il se mit à déchirer le tissu et ne récupéra que l’enveloppe du coussin.
-Bas les pattes , sale ra… tenta de protester Wordan , mais le demi-roc ne semblait pas s’en préoccuper. C’est à cette instant que la voix plaintive de la jeune femme se fit entendre :
            - Wavh je t’en prie … Laisse-moi prendre Loïc dans les bras j …
Ah parce que ce chérubin a déjà un prénom ?! Kana je te défend de toucher à ce démon ! Tu ne peux tout de même pas trahir les Elbury ! Pense au clan ! La lignée noble des Elbury doit perdurer ! Allons reprend toi voyons tu ne p …
- Père … que tu le veuilles ou non, Wavh reste mon compagnon autant que Lohic est mon fils, dit-elle en se Levant avec une difficulté immense, l’orc à ses coté.
Sans attendre, Wordan dégaina sa rapière avec brutalité et s’en prit à Wavh qui avait pris l’enfant dans ses bras :
- Quitte le bateau maintenant ou tu mourras embroché, toi et ton fils … Maintenant ! beugla-t-il avec hargne.
Le demi-orc ouvrit grand les yeux et resserra un peu plus son étreinte sur l’enfant, il bafouilla d’une voix rauque :
- Monsieur Lywellan, ce n’est qu’... Qu’un malentendu je …
- Ne m’appelle pas par mon nom , sale rustre !  dit-il en s’avançant d’un pas, menaçant.

Wavh lança un regard à Kana et lui souffla alors à sa compagne , passant un doigt sur sa joue :
- Je t’aime Kana … prend soin de toi …
Sur ses mots, sans attendre, Wavh courut vers la porte de la cabine l’ouvrit en grand, fuyant le capitaine. Sans attendre Kana se hâta de rejoindre son compagnon. Le médecin restait bouche bée face à la scène qui venait de se produire, il se contentait de rester immobile, bras-ballants, sans dire un mot, et finit par se tourner vers le capitaine
-Monsieur …
Le capitaine ignora le médecin et quitta la salle à son tour, laissant en plan le médecin décontenancé.

Sur le pont, une fine pluie s’était mise à tomber, et les vagues avaient monté en puissance. Le plancher était glissant et de l’écume se déposait par moment sur le sol du pont principal. Des marins, çà et là, s’activaient à manier les voiles et ne prêtaient point attention au petit groupe qui se faisait face, sous la pluie battante.
Wavh faisait face à Kana, le bébé qui braillait entre ses bras. Il était passé de l’autre côté de la barrière du bateau : seul la pointe de ses pieds et sa main solidement accrochée à la barrière du bateau lui permettait de rester encore sur le navire.
Kana Khein, elle, sanglotait et tentait désespérément de tendre sa main vers Wavh, elle hurla alors à travers le bruit des vagues et de la pluie :
- Wavh … reste avec moi je t’en prie … Reste …
Le capitaine s’approcha et attrapa solidement le bras de sa fille, il la raisonna durement :
-Laisse le partir, si ce goujat t’aimait vraiment il se serait battu pour toi … ressaisit toi Kana !
Kana lança un dernier regard à Wavh, et celui-ci se laissa tomber à la renverse, ce qui provoqua un mouvement de panique chez les marins qui passaient aux alentours. Kana réprima un sanglot et gifla son père avant d’accourir vers la rambarde à son tour. Paniquée, la jeune femme hurla à plusieurs reprises le nom de son compagnon qui avait disparu dans l’océan. Des marins commençaient à former un large cercle, englobant Kana, et le capitaine, qui restait immobile.
-Kana … C’est fini … Rentre donc à la cabine … Tu as besoin de repos …
La jeune femme se retourna et lança un regard haineux à son père. Dans sa colère, elle s’écria alors, sans prendre conscience de ses actes :
-Tu ... Tu as tué Wavh ! Par ta faute ! Mon fils, ma raison de vivre ! Tu es immonde ! Je …  Tu … Tu n’as pas le droit ! Comment as-tu pu faire ça ?! Je …
-Kana ... Reprend toi … Tu te rends compte de ce que tu as fait ?! Tu as pensé à la famille, à la patrie ?! Le clan a besoin de toi, et ce n’est certainement pas en engendrant un monstre pareil que tu aurais fait perdurer la lignée ! Allons cesse de jouer l’enfant, ne fait pas l’insolente, reviens ici !
La jeune femme répliqua alors sans lâcher des yeux son père :
- Père … Aujourd’hui je fais un choix. Et ce, par ta faute. Je suis libre, et crois-moi, je ne me suis jamais autant sentie libre que maintenant.
Sur ces dernières paroles, Kana escalada la rambarde, rejeta sa chevelure blonde sur ses épaules, et, après un moment d’hésitation, sauta à son tour.